Georges Danton, membre de l’AAUNEF, ancien président de l’UNEF, élu en 1958, pendant la guerre d’Algérie est décédé le 1er décembre 2020. Notre ami Pierre-Yves Cossé était présent à ses obsèques le 14 décembre où il a prononcé le discours que nous publions, suivi de notes et liens biographiques.
Dans la vie d’un homme ou d’une femme, il est des années qui comptent plus, celles qui tournent autour de la vingtième année. Ce sont les années des engagements intellectuels, professionnels, politiques, sociaux et personnels, qui marquent toute une vie. Ce fut le cas de Georges Danton, lorsque, jeune provincial, il monta à Paris. Il savait déjà ce qu’il voulait faire, sciences-po puis l’entreprise. Il avait des convictions politiques fortes, et militait chez les étudiants socialistes. Il avait choisi son style de vie où le sport, la politique, le travail, les amitiés fraternelles occupaient une grande place.
VIVRE VRAI ET PARLER VRAI, C’EST GEORGES DANTON.
Dans le contexte de La guerre d’Algérie, il fallait du caractère et du courage pour assumer à vingt ans des engagements qui suscitaient des oppositions violentes. Georges a appartenu à la « génération algérienne » qui s’est trouvée en rupture avec l’establishment, les organisations adultes, qui tentèrent, toutes, d’étouffer leurs mouvements de jeunesse.
Son engagement, il l’a vécu principalement à travers le mouvement étudiant. Ce ne fut pas une aventure personnelle et solitaire mais un engagement réfléchi, et rationnel. Il s’est inscrit dans une démarche collective et le président de l’UNEF sut utiliser tous les moyens légaux (manifestations, pétitions, tracts, rencontres) pour défendre des libertés publiques et universitaires menacées par la poursuite de la guerre et servir les intérêts des étudiants, directement atteints, en particulier par un service militaire de plus de deux ans et la découverte, pour le plus grand nombre, de la réalité coloniale. Responsable, il était soucieux de l’unité du mouvement, respectueux de sa base étudiante, divisée à l’image du pays et ne voulait nullement transformer l’UNEF en parti politique. Il était réaliste et démocrate.
Ce fut le Général de Gaulle, président du Conseil, qui fit connaitre par le grand public Georges Danton, fraichement élu à la présidence de l’UNEF. Faisant le constat par lettre, de l’absence, d’une politique cohérente et à long terme dans le domaine scolaire et universitaire, il dénonça les « carences du gouvernement ». La riposte du Général fut immédiate : « Je ne saurais tolérer que le président de l’UNEF me parle de carences » et Georges fut banni des nombreuses instances consultatives où siégeait l’UNEF. Ce mince évènement eut un retentissement certain, en particulier, dans le monde étudiant. L’ancien président de l’AG de Montpellier- Jean-Claude Roure- m’a appelé il y a deux jours, il se souvenait, soixante ans après, que les étudiants de son université s’étaient solidarisés avec leur président et que de nombreux engagements militants s’étaient concrétisés à cette occasion. Dans le silence de nombreuses organisations politiques quasiment paralysées depuis le retour au pouvoir du Général, la voix du président de l’UNEF était le signe que la vie démocratique était possible et nécessaire. Cette solidarité fut aussi celle de tous les mouvements de jeunesse, permettant à l’UNEF de jouer pleinement son rôle de syndicat étudiant, avec une représentativité incontestée et une réelle efficacité. Quelques semaines plus tard, la journée nationale de manifestation sur le budget de l’Education Nationale et la démocratisation de l’université fut un grand succès ; à Paris, des dizaines de milliers d’étudiants défilèrent de la rue Soufflot à Bullier. Sur une photo, l’on voit Georges juché sur une camionnette entourée de manifestants.
Il ne chercha pas à se faire réélire au bout d’un an et il tourna la page sans regarder en arrière. Il ne voulait ni être un perpétuel étudiant ni devenir un apparatchik, indice supplémentaire de maturité et de réalisme. Une autre vie commençait. La personnalité du responsable étudiant va prendre des dimensions nouvelles avec le chef d’entreprise, l’élu local et le gestionnaire municipal, l’époux, le père et le grand-père. Personnalité aussi marquée par cette fidélité à cette Auvergne natale, où il voulut passer la dernière partie de sa vie.
N’érigeons pas la statue du commandeur. Georges n’aurait pas aimé. Il n’avait pas la « grosse tête » il était simple, direct dans la vie quotidienne et amical (il aidait quand il le pouvait). Il faisait preuve d’humour et son ironie pouvait être mordante. Surtout, il aimait la vie et la buvait à pleine rasade.
La meilleure manière d’être fidèle à Georges, c’est d’aimer la vie avec gourmandise, sans en exclure aucun aspect.
14 Décembre 2020
14 Décembre 2020
Pierre-Yves Cossé
Georges Danton milita à l’amicale UNEF de Sciences Po, dont il fut président en 1956-1957., tout en obtenant sa licence en droit et le diplôme de l’IEP (1957). De Gaulle ironisa à la suite d’un courrier de l’UNEF « ce petit Danton ne manque pas d’audace… ». Georges Danton eut le souci de resserrer les liens avec les organisations de jeunesse et d’éducation populaire, en créant le GEROJEP (Groupement d’études et de rencontres des organisations de jeunesse et d’éducation populaire). Georges Danton avait apporté son témoignage à notre colloque de 2012.